MARIE FRANCE
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 Album live "GRAN' TOUR" (2012) de DICK RIVERS par JEAN-WILLIAM THOURY dans "ROCK&FOLK" (n°545, janvier 2013)

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GUIBERT FRANCOIS
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Nouvelle page spéciale 100 % inédite

« Compte rendu du show “MISTER D” de DICK RIVERS

— le 21 novembre 2011 au CASINO DE PARIS

— le 31 mars 2012 à L'OLYMPIA (Paris)

— le 6 avril 2013 à Noisy-le-Grand (93) et le 13 avril à Clamart (92) »


en ligne sur ce lien (à copier-coller) :

http://heartbreakhotelthehellboysnikolaacin.fr.gd/Compte-rendu-du-show--g-MISTER-D-TOUR-g--de-DICK-RIVERS--d--au-CASINO-DE-PARIS-2011%2C-%E0-l-h-OLYMPIA--k1-2012-k2-%2C-%E0-Noisy_le_Grand-et-Clamart--k1-2013-k2--.-.htm



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DICK RIVERS


(direction musicale : 
OLI LE BARON)



Concerts “MISTER D”



Le lundi 21 novembre 2011 
au Casino de Paris


+ le samedi 31 mars 2012
à l’Olympia (Paris)



+ le samedi 6 avril 2013 
dans la grande salle Arletty
de l’Espace Michel Simon de Noisy-le-Grand (93)



+ le samedi 13 avril 2013
au Théâtre Jean Arp
de Clamart (92) :



« Eh bien, bonsoir l’Olympia ! Je suis content d’être là ce soir pour une soirée exceptionnelle ! Ce soir en effet est tourné le prEMIER (accent aigu d’une voix partant en freestyle) DVD de monsieur Dick Rivers. Le premier de sa carrière. Alors faites du bruit, allez-y tout le monde debout, cassez les fauteuils ! Comme en 63, les fauteuils cassés, allez ! Ce soir, accompagné par la crème des musiciens français de louakènwolle, ce soir tout le monde debout pour applaudir meusssieeuuu Diiiick Rouiiiiveursse !! Ouaais faites du bruit, toutafond, allez, Dick Rouiiiveursse !! Allez les gars ! »

(© Didier Wampas, 31 mars 2012, 20h50, sur la scène de l’Olympia en introduction du show “Mister D”)





Depuis 2011, avec le “Mister D Tour”, Dick Rivers présente un spectacle de rock’n’roll hyper sauvage, tout en étant d’une musicalité parfaite. Le guitariste et compositeur Oli de la Celle, alias Le Baron (ex-Ici Paris, entre autres), joue un rôle un capital et fondamental dans cette aventure. Il apporte aux prestations de Dick le même esprit de renouvellement et de dinguerie (musicale, toujours). que Yarol Poupaud a amené auprès de Johnny Hallyday lors de ses concerts 2012/2013. 








Lors du spectacle “L’homme sans âge” de Dick à l’Alhambra en décembre 2008, Chris Spedding exécutait de façon irréprochable et professionnelle ses parties de guitare. Mais il n’y a pas photo si l’on compare avec la fougue et l’envie de s’éclater du Baron. De plus, il possède au moins autant de talent, de technique et d’expérience que Spedding. Là où ce dernier semble “faire son travail” de session man sur scène, Le Baron amène de la fraîcheur, de la spontanéité (même si la set list est bien sûr calée à l’avance). En plus d’avoir de l’aisance scénique. Il insuffle aussi avec le groupe une chaude ambiance réellement rock’n’roll dans les prestations de Dick.







Le Baron est aussi le maître d’œuvre, réalisateur, compositeur et parfois parolier de “Mister D”. C’est le plus bel album studio de Dick. Il est aussi important que “Plein soleil” (1995), réalisé par Patrick Coutin. Ces deux disques sont forgés dans un même style rock’n’roll blues roots solide, tout en ayant un son différent. Quant à “L’homme sans âge” (2008), aux musiques posées et atmosphériques, il est parfois controversé chez les fans qui ont vécu en direct l’épopée des fantastiques Chats Sauvages en 1961/1962. Toutefois, ce disque écrit et composé par Joseph d’Anvers est un sublime album, élégant, racé, à écouter avec attention. Ces trois albums studio ne contiennent que des titres dignes de la stature de l’artiste Dick Rivers.






Le Casino de Paris, 21 novembre 2011, est la deuxième date de la tournée (1). Avec le recul, par rapport aux futures prestations à l’Olympia (2012), Noisy-le-Grand et Clamart (2013), ce premier concert parisien du “Mister D Tour” est une belle mise en bouche très élaborée de la suite de la tournée. Par la suite, la set list sera ajustée, affinée, afin que le show soit plus percutant. Et logique dans sa montée en puissance. Par exemple, “Reverse” sera placé au presque début du set plutôt que lors des rappels.





Au Casino, durant les cinq ou six premiers titres — le son sera impecc’ durant le reste du set —, la sonorisation manque de finesse et d’aigus. Elle ne rend pas justice à la subtilité du jeu électrique du groupe. Les instruments semblent mélangés les uns aux autres, sans distinction particulière. Cette impression de (relatif) magma sonore empêche la compréhension des mots chantés par Dick pour les spectateurs. La plupart d’entre eux ne semblent pas connaître encore très bien, voire pas du tout, les morceaux figurant sur l’album “Mister D” (paru trois semaines plus tôt). Il suffit de voir la non-réactivité de la plupart des spectateurs lors de l’interprétation de ces titres. 






À l’inverse, pour les standards de Dick, le public tape illico dans les mains. C’est le cas pour “Roule pas sur le Rivers”, option Tina Turner fin des sixties, entre autres avec les cuivres et le tempo endiablé). Le texte en français, signé Serge Koolenn, roule plutôt OK mais trimballe pas mal de clichés vis-à-vis de Dick. En chantant ces mots certes sympathiques mais un peu balourds, il donne à ses détracteurs le bâton pour se faire battre.

Le public du Casino s’enthousiasme aussi entre autres sur “Faire un pont”. Au moment du refrain, à la demande de Dick s’improvisant “gentil organisateur”, les spectateurs lèvent les bras en l’air de gauche à droite (et vice-versa). C’est le seul moment où ce concert de pure électricité devient, pendant quelques éprouvantes minutes, une sorte de show 3e âge gentiment ringard. Quelque chose proche de la tournée “Âge tendre et têtes de bois” ou de l’émission “La chance aux chansons”.





Heureusement que, sur le plan musical, aidé notamment par Junior Rodriguez (batterie), Le Baron a conçu pour “Faire un pont” un nouvel arrangement très inspiré par Bo Diddley et le style cajun. D’ailleurs, en compagnie de tout le groupe, Le Baron injecte une grosse dose de sang neuf aux anciennes chansons de Dick jouées en live. 



Les Parisiens et banlieusards découvrent la forme définitive de ce show plein d’adrénaline le 31 mars 2012 à l’Olympia. La set list, désormais, est nickel dans son déroulement. Elle n’exclut pas non plus les improvisations, notamment lors des divers solos des musiciens (cuivres, guitares, etc.). 





Oli de la Celle (guitares, directeur musical), Alain Verderosa (basse), Junior Rodriguez (batterie), Mickey Blow (harmonica), Jean-Marc Labbé (sax baryton), Mathias Lupsinski (sax ténor), Olivier Riquet (clavier, guitare acoustique) forment un vrai groupe de rockn’roll rhythm’n’blues soudé, au son sauvage, maîtrisé et électrique. Alain Verderosa jouant actuellement aux côtés de Cali, Jérôme Goldet tient désormais la basse pour la tournée 2013. « Que ce soit sur disque ou sur scène, j’ai toujours travaillé avec ce qui se fait de mieux en matière de musiciens », déclare Dick aux spectateurs au début de “Maman n’aime pas ma musique”.






Coup de chance : c’est la date de l’Olympia et non celle du Casino de Paris qui est choisie pour la captation audio et vidéo d’un double CD et d’un DVD live : “Gran’ Tour”, paru en novembre 2012 sur le label indépendant Verycords. Il faut saluer le travail visuel et sonore réalisé sur ces deux supports. Car l’ambiance, le son, les morceaux, la connivence entre les musiciens (et aussi avec Dick) sont parfaitement restitués. Ce DVD (réalisé par Sébastien Bonnet) et ce disque font vivre les mêmes sensations vécues en direct dans la salle en tant que spectateurs le 31 mars 2012. De plus, les photos de la pochette, la typographie utilisée, la maquette sont choisies avec goût. Avec, bonus, une belle typographie. Un très bel objet, en tous points (contenant, contenu) réussis.





“Gran’ Tour” est et restera l’un des meilleurs albums live de rock’n’roll (en) français, toutes décennies confondues. C’est le témoignage de la vie artistique d’un homme, Hervé Forneri alias Dick Rivers. Cet enregistrement surpasse même le pourtant très réussi “Authendick”, capté à Bobino en 1995, avec un solide groupe et un Chris Spedding qui n’était pas encore en pilotage automatique.


Dick Rivers regarde vers l’avenir. On ne peut qu’approuver son choix et sa démarche artistique pour ce tour de chant : il joue dix chansons de son dernier CD. Il les met en avant. C’est le choix qu’il fallait faire pour cette tournée, plutôt que de donner dans la nostalgie country variété de ses chansons des années 1970/1980. 





L’intro du spectacle reprend l’instrumental de “Dur d’être Dieu”, également repris en générique de fin du show. L’ouverture au Casino de Paris, par contre, est différente : c’est le gimmick cuivré de “Reverse” (façon “Peter Gunn”), uniquement en instrumental et version très courte. Costume, pantalon, cheveux et bottes tout en noir, Dick arrive tandis que le groupe joue “Automatic” (2).





Vient ensuite “Reverse”, texte de Jean Fauque, du rhythm’n’blues à fond les ballons (qui est par contre joué au rappel lors du concert du Casino). Un titre scénique par excellence, clin d’œil à l’indéboulonnable du rock et roll français qu’est Hervé Forneri. Il y a plein de jeux de mots autour de “Rivers”, “Reverse”, dont un « Rouiveuheurssse !  » chouettement prononcé par Dick, tel un Américain d’Amérique.







Dick a un excellent contact avec le public. Exemples et anecdotes personnelles à l’appui, il explique de façon didactique et passionnante la genèse de quasiment chacun de ses titres. Il décrit de façon simple ce qu’est en réalité la country music, qui est en fait tout le contraire de l’imagerie “chapeau de cow-boy, belles voitures, bottes et danses en ligne”. Comme Alain Chennevière, il ferait auprès de millions de Français (via par exemple une émission de radio ou de télé) un excellent professeur-vulgarisateur de l’histoire des styles hillbilly, rock’n’roll, blues, doo-wop, country, etc.





La voix de Dick Rivers, chanteur-interprète de rock’n’roll, est phénoménale, pleine de swing, de feeling, d’émotions, de vibrations. Tout autant que les morceaux éléctrisés, la magnifique séquence acoustique le démontre : “Hound Dog” (tube fifties d’Elvis Presley), la ballade blues “Johnny” ou celle en hommage à sa maman, “La ballade de l’échographié” (texte de Hélène L. et Oli Le Baron). Ou encore “C’est pour ton bien”, avec un solo d’harmonica des plus terribles de Mickey Blow.





Cet harmoniciste apparaît dans le show à partir de la chanson “Le Montana” (texte de Jean-Pierre Morgand, musique d’André Manoukian) a une façon amusante et spontanée de bouger lorsqu’il joue. Arc-boutant son dos, Mickey esquisse quelques petits pas en avant, puis en arrière (et vice-versa), lentement, en surélevant l’arrière de ses boots d’ex-acolyte scénique de Johnny Thunders (entre autres). Tout en faisant de supers solos ravageurs. On sent son vécu d’homme de scène sans cesse sur la route ou en studio. Un grand rock’n’roll man, lui aussi, « le légendaire, monsieur Mickey Blow ! » (comme le présente Dick aux spectateurs).





À Noisy-le-Grand, cas de force majeur car jouant sans aucun doute avec un autre groupe le même soir ailleurs, Mickey n’est pas présent. Du coup, les arrangements sont, pour un soir, remaniés. À la place de ses solos, soit Oli envoie des sons de guitare, soit Mathias et Jean-Marc soufflent plein pot dans leurs saxs.






Au moment de l’intermède, lorsque Dick part se changer, Oli le Baron devient leader-chanteur du groupe le temps d’un titre. Au Casino, coiffé d’un chapeau feutre de magicien mystérieux à la Mandrake, il interprète “King Of Bongo” de Mano Negra, euh, “Stranded In The Jungle”. Cette version est inspirée par celle des New York Dolls, l’une de ses influences majeures. À l’Olympia, on découvre une interprétation fabuleuse, vaudou et chaloupée par Oli et son gang d’un titre intitulé “Dancing With Mr D”. La version originale, signée The Rolling Stones, semble toute chétive, sans envergure sonore, banalement pop rock music 70s.

Enfin, à Noisy-le-Grand et Clamart en 2013, il chante une pop’n’roll glam song entraînante, “20th Century Boy”, là aussi plus attractive que l’originale. Elle est signée Marc Bolan (même si celle-ci est quand même beaucoup plus convaincante que “Dancing With Mr D” par les Rolling Stones).





Sous les acclamations, Dick revient drapé dans un hallucinant costume, aux motifs scintillants. Une tenue style Nudies qui serait revisitée par un styliste adepte de matière métallique et de science-fiction. Un habit de lumière spécial “Quatrième dimension”. Le genre de veste flashante que Chris Isaak, comme Dick, porte à merveille sur scène. S’il sort comme ça dans la rue, outre le fait qu'il soit Dick Rivers et que donc tout le monde le reconnaît illico, c'est l'émeute populaire 100 % positive. Et la joie de vivre garantie partout où il passerait. 





Au Casino, il transforme le tube de variété française “Nice Baie des Anges” en une espèce de trashos track chouettement malsain, ambiance swamp. Un titre façon Alan Vega, bizarre, mais accessible et compréhensible.

Il reprend de façon réussie, dans une nouvelle vigueur, “Brand New Cadillac” de Vince Taylor. On a l'impression de voir les photos noir & blanc sixties dudit Vince made by Jean-Louis Rancurel s'animer soudainement, en couleur. Sauf que Dick ne se roule pas par terre. Mais c'est la même sensation violente d'électrochoc.





L’homérique “Demain (They Say)” est un rock et roll hargneux et tempétueux à souhait, doté d’une guitare rythmique ska. Là encore, un morceau idéal pour la scène. Ce qui n’est pas du tout le cas des “Yeux bleus (pleurant sous la pluie)”. Cette adaptation en français conçue par Francis Cabrel pour Dick de “Blue Eyes Cryin’ In The Rain” est gentillette mais longuette. Même avec son texte original en anglais, on s’ennuierait tout autant. Cette chanson manque de punch, de rythme, d’énergie.





Au Casino, “Reverse” est donc interprété à ce moment-là du set, lors de la série des rappels. Tandis qu’à l’Olympia, Noisy et Clamart, Dick exhume le rock “Amoureux de vous” (3), aux paroles signées Patrick Coutin et qui figure sur l’album du même nom paru en 2001. Il est clair que, validée par le maître Rivers, cette idée de reprendre ce titre vient d’Oli le Baron.

C’est aussi le cas pour “Viens tout connaître” (au milieu du show), surf ensorcelant et venimeux créé en anglais par Neil Diamond, magnifié par Dick en français, jouée à partir du concert à l’Olympia. Une heureuse initiative qui permet d’écouter en live ces deux pépites. En plus, le Oli y va à fond dans les sons de guitare, appuyé sans relâche par le tandem de cuivres et la batterie.





Final dantesque, attendu et espéré : un énorme “Maman n'aime pas ma musique” anthologique de quinze minutes. Ce glam rock est entrecoupé de la présentation de chacun des musiciens. Avec de courtes interprétations live de “Twist à Saint-Tropez” (mettant Alain Verderosa en vedette en 2012, puis Jérôme Goldet en 2013), “Est-ce que tu le sais” (Olivier Riquet, cette fois), “C’est moi l’king” (Mathias et Jean-Marc, les saxs), “Not Fade Away” (Mickey à l’harmonica), “Pills” (de Bo Diddley, chanté en anglais par Le Baron). Enfin, avant l’ultime refrain ad lib de “Maman n’aime pas ma musique”, le jeune batteur dynamique Junior Rodriguez a lui aussi droit aux vivats enthousiastes et mérités du public. « Ce ne sont d'ailleurs pas que des musiciens, ce sont avant tout des artistes », précise Dick (le 21 novembre 2011).





Toujours au Casino, les derniers mots de Dick sur scène, au son de la tournerie brûlante de “Maman n'aime pas ma musique”, tandis que dans la salle c'est le délire : « Que Dieu vous bénisse, tout comme le rock'n'roll. »



François Guibert

(22 août 2013)






(1) : après un tour de chauffe et une résidence, pour répéter, quelques jours plus tôt dans le club Le Sax à Achères (78).





(2) : Les chœurs/bruits de guitare et la rythmique de “Automatic” font beaucoup penser au morceau “L’interview” de Christophe (album “Bevilacqua”, 1996).





(3) : La version originale, en anglais, “Bad Case Of Loving You”, par son créateur Moon Martin, est d’ailleurs l’une des chansons préférées de Philippe Dauga, bassiste et chanteur du groupe Bijou SVP. 


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« Chronique détaillée

de l'album “RIVERS” (2014)

de DICK RIVERS »

sur ce lien :

http://lachanteusemariefrance.fr.gd/Album--g-RIVERS-g---k1-2014-k2--de-DICK-RIVERS--d--chronique-detaillee-.-.htm


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DICK RIVERS sera en concert

le mercredi 28 janvier 2015

aux FOLIES BERGERE (Paris).


Un compte rendu de ce futur concert
sera en ligne sur ce site dans la première quinzaine de février 2015.


Places en vente entre autres sur ce lien :

http://www.foliesbergere.com/DICK-RIVERS-fid178.aspx

ou sur cet autre lien :

http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Pop-rock-Folk-DICK-RIVERS-DICK.htm


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DICK RIVERS

Chronique de l’album “RIVERS”

(Verycords, 2014) :

“Rivers” est un très grand disque de rock’n’roll, où se côtoient blues, cajun et country. Dick fait comme toujours des merveilles avec sa voix grave et basse. Il joue avec ses propres intonations : les « aôôwww » et autres « Cadilââkkke » par dizaines tout au long du CD, ce genre de prononciation est top.

Tranquillement, sans la ramener de façon caricaturale ni se la raconter, il place et chante les mots exactement là où il faut. Il interprète les textes de ses auteurs avec justesse, précision, et un feeling dément.

À la production et aux arrangements : Oli Le Baron. Il réussit là où Patrick Coutin avait échoué. Ce dernier a réalisé le magistral album “Plein soleil”, contenant d’ailleurs plusieurs titres dont il a composés les musiques.

Cet opus de 1995 est l’un des quatre meilleurs albums studio de Dick. Sauf que par la suite, avec “Vivre comme ça” (1) en 1998 et “Amoureux de vous” (2001), l’inspiration artistique de Coutin, en tant que superviseur artistique, s’était énormément amoindrie, voire asséchée. Comme si la routine s’était installée après “Plein soleil” et le double CD “AuthenDick” (live à Bobino 1995).

Ce n’est pas le cas entre Le Baron et Dick. “Rivers” est aussi excellent et incontournable que le définitif ouvrage “Mister D” (2011) et que son indispensable complément live CD/DVD “Gran’ Tour — Olympia 2012”. On peut même préférer “Rivers” à “Mister D”, par le fait que le son soit encore plus roots, live, simple, aéré, épuré, au plus près des instruments.

On retrouve l’atmosphère “de groupe” qu’il régnait dans les salles de concerts lors du “Mister D Tour” 2011/2013 de Dick et son gang. Avec une ambiance plus intimiste et en grande partie électroacoustique. Même s’il y a de grosses impulsions de guitares électriques du Baron (qui assure tous les sons de six-cordes, entre autres instruments). Par exemple sur “Jeanne & Henri” et le refrain du “Rôle du rock”.

Dans le CD “Rivers”, l’harmonica de Mickey Blow joue un rôle fondamental dans l’ambiance blues à l’ancienne et authentique de tous ces morceaux. Sauf exceptions, cet harmoniciste old street school ne fait pas de solos plein pot. Juste des petits coups nerveux, discrets et bien sentis.

Il s’immisce dans plein de recoins, tout au long de “Maudit”, “Les rois serviles”, “Le rôle du rock”, “Sans devise”, etc. Comme lorsqu’il est sur scène. À l’écoute de ce disque, on l’imagine au moment de l’enregistrement en train de faire ses fameux petits pas en avant puis en arrière (et vice-versa) lorsqu’il joue de l’harmonica.

“Si j’te r’prends” ouvre l’album de façon enjouée et hyper chaleureuse. Dick prend une intonation à la Zachary Richard (avec une voix beaucoup plus grave) ou Clifton Chenier. L’ambiance est 100 % dixieland rock New Orleans. Entre “King Creole” (Elvis Presley 1958) et “Je veux du bonheur” (le show live génial de Christophe Maé 2013/2014, ainsi que l’album éponyme).

Erik Sitbon, qui en a composé la musique, et son groupe Ghost Band assurent l’accompagnement. À leurs côtés : Mathias Luszpinski, épatant saxo ténor garage surf rock roll parisien, et Oli Le Baron. Ces deux derniers, donc, font partie du groupe scénique de Dick depuis 2011.

“Sans devise”, au rythme qui se dandine joyeusement, est dans le même état d'esprit. Sans l’aspect dixie big band, et dans une veine plus cowboy cânetwuy.

Sur “Rivers” autant que sur “Mister D”, les compositions sont artistiquement très fortes. Elles captivent l’auditeur par leur richesse et leur intensité. Oli Le Baron est l’auteur-compositeur de “Jeanne & Henri” (avec sa compagne Hélène pour le texte), “Sans devise”, “Maudit”, “Tu m’as changé”.

Le Oli signe le texte de “Pas de vainqueur” sur une musique folk rock pleine de panache composée par le duo Hudson Taylor. La version française de Dick est même meilleure, y compris musicalement, que le “Battles” originel (et sorti en avril 2014) de ces deux frères irlandais.

En revanche, l’interprétation live et féminine de “O Marie” par Isabelle Boulay (figurant sur son album country “Les grands espaces”, 2011) est plus émouvante que celle de Dick où l’accompagnement musical est plus rêche, plus brut. Ce titre est une création de Daniel Lanois.

“Mustang” est un titre bonus figurant uniquement dans l’éditon limitée digibook CD. Les détenteurs du CD boîtier cristal normal ne pourront pas écouter ce bijou au phrasé tendance rap convaincant et crédible.

Un mal pour un bien : en effet, ce n’est pas souvent que sur un CD (quel que soit l’artiste ou le groupe), un morceau bonus est aussi bon et fort que les chansons phares figurant sur l’album standard.

Francis Cabrel a composé (texte & musique) une fantastique chanson-tornade électrique et sauvage : “Le rôle du rock”.

Au passage, avec ce titre (à prononcer à voix haute), il devient l’heureux et officiel dépositaire d’une hilarante formule, inédite et pourtant pleine de bon sens. Même Laurent Chalumeau (2) et Boris Bergman — adeptes de bons (jeux de) mots, deux maestros de l’écriture franco-française à la plume vibrionnante et zébulonesque — n’y avaient pas encore pensé.

La manière pleine de furie dont Le Baron envoie ses guitares, sa façon de faire les choeurs sur le refrain en scandant « rôle du rock ! (…) rôle du rock ! » : tout cela contribue à la réussite de ce titre.

Le texte est malin, amusant, très bon esprit. Il décrit bien l’ambiance éternelle que des générations de musiciens ont vécu et continueront de connaître : « Une ville au hasard, n’importe laquelle / Des sonos, des hangars et des décibels / Un tonnerre de guitares comme une onde de choc (…) Des motels, des motards huit jours par semaine (…) Une seule règle, on ne regarde jamais en arrière (…) »

Cabrel devrait ou aurait vraiment dû composer plein de chansons de cet acabit et dans ce style musical précis, que ce soit pour lui ou pour les autres. Plutôt que les ballades soft qui ont fait son succès en tant que chanteur. Quelque part, il est passé totalement à côté d’une carrière de compositeur de rock.

Francis signe aussi le texte plus banal de “Paris-Vintimille”. C'est le morceau le plus touffu et fouillis du disque. La musique composée par Michel Françoise est linéaire. Les instruments s’entrechoquent les uns les autres. L’ensemble ne décolle jamais réellement, même sur le refrain. Et ce malgré les guitares appuyées (solo à la “Brand New Cadillac” inclus) du Baron.

Beauté et simplicité sont de mise dans l’interprétation de Dick et l’orchestration pour “L’amour m’attendait”. Il s’agit d’une reprise du troubadour Dylan Bob avec, là encore, un texte (français) de Cabrel.

“Les herbes hautes”, de Joseph d’Anvers, sont exactement dans l’ambiance sonore, tourmentée et fougueuse, de “L’homme sans âge”. Ce majestueux album de 2008, entre lyrisme et introspection, est mal-aimé par les dingomégafans des Chats Sauvages.

C'est injuste car il contient douze magnifiques titres, entre autres “Par-delà les plaines”, “La voie des anges”, “Gagner l’horizon” et “Mon homme” (un hommage à son père).

Retour à “Rivers” : Dick s’attaque de façon inattendue et surprenante à un titre (que l’on découvre d’ailleurs grâce à Dick) de Georges Moustaki : “Les rois serviles”. Rien que par son chant, Dick en livre une toute autre atmosphère, western et américaine, que celle de son créateur.

À cela, il faut ajouter les envoûtants arrangements, conçus autour de l’harmonica (essentiel sur ce titre) à la Ennio Morricone de Mickey Blow, du banjo joué par Manu Bertrand et des clapements de mains de tous les participants.

Grâce à Joseph d’Anvers (avec qui Dick collabore toujours) en 2008 puis Oli Le Baron depuis 2011, le rocker en noir du quartier Simplon (Paris 18e) a retrouvé l’inspiration et la flamboyance de “Plein soleil” et du live “AuthenDick”.

Ces deux CDs, ainsi que “L’homme sans âge”, “Mister D”, “Gran’ Tour — Olympia 2012” et “Rivers” constituent pour l’instant le summum de l’œuvre discographique (hors Chats Sauvages) de Dick.

François Guibert

(6 juillet 2014)


(1) : un album très variété, décevant, ne contenant pas de chansons mémorables. Hormis l’adaptation en français par Maurice Achard de “In The Ghetto”, ballade créée par Elvis Presley en 1969.

(2) : d’ailleurs, d’une certaine façon, l’album “Rivers” constitue une bande son idéale des livres “En Amérique” (2009, Grasset) ou “Uptown” (1997, Editions Florent Massot) de Laurent Chalumeau.

Album live "GRAN' TOUR" (2012) de DICK RIVERS par JEAN-WILLIAM THOURY dans "ROCK&FOLK" (n°545, janvier 2013) 14070612151616724012368176
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Chronique de l'album "RIVERS"

par JEAN-WILLIAM THOURY


dans "ROCK ET FOLK" (juin 2014) :

Album live "GRAN' TOUR" (2012) de DICK RIVERS par JEAN-WILLIAM THOURY dans "ROCK&FOLK" (n°545, janvier 2013) 14070612154316724012368180


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Ci-dessus, de gauche à droite :
Benoît Blue Boy,
Tai-Luc (La Souris Déglinguée),
Alain Chennevière,
Shere Khan (Ici Paris)
et Tony Marlow.


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Ci-dessus, de gauche à droite :
Patrick Renassia (Rock Paradise),
Jean-William Thoury (Bijou, "Juke-box magazine", "Rock&Folk"),
Dick Rivers, X,
Serge Sciboz ("B.C.R. (Blues Country Rock'n'roll) La Revue")
et Tony Marlow.


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Shere Khan (Ici Paris),
Alain Chennevière,
Dick Rivers,
Tony Marlow,
à Rock Paradise, Paris 15e, vendredi 20 juin 2014.


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