GUIBERT FRANCOIS Admin
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| Sujet: BRIAN SETZER, album CD "Rockabilly Riot! All Original" (2014) : chronique détaillée (chronicle, review) Jeu 31 Juil - 0:06 | |
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“ROCKABILLY RIOT! ALL ORIGINAL” (2014)
de BRIAN SETZER »
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BRIAN SETZER
Chronique (“review”, “chronicle”) de l’album “ROCKABILLY RIOT! ALL ORIGINAL” (2014) :
Pour présenter le volume 1 de “Rockabilly Riot! ” paru trois semaines plus tôt, Brian Setzer avait donné le 1er août 2005 à l’Olympia un show historique. Pas un seul temps mort, hormis l’endormant instrumental “Sleep Walk”.
Du rock’n’roll à bloc pendant une heure trente, avec ses musiciens The Nashvillains : le contrebassiste Ronnie Crutcher (au jeu aussi solide et nerveux que celui de Philippe Dauga à la basse dans Bijou), le pianiste Kevin McKendree et le batteur Bernie Dresel. Sauvage(s) !
C’était “la” prestation de Setzer live à Paris du vingt-et-unième siècle. Loin devant ses concerts du Grand Rex (28 juin 2011, où Imelda May en première partie avait fait une plus forte impression), des Stray Cats (3 juin 2004 au Zénith). Ou encore comparé au show “68 Comeback Special” le 24 septembre 2001 à l’Olympia. Et ce même si Johnny Hallyday en tenue de ville avait fait ce soir-là un duo surprise : “Blue Suede Shoes” façon Carl Perkins.
L’album de 2005 réunit vingt-trois relectures pétaradantes de standards plus ou moins inconnus d’un large public, et parus sur le label Sun Records dans les années 1950. Cette fois, le volume 2 de “Rockabilly Riot!” contient douze compositions originales du guitariste-chanteur blond bananos d’Amérique.
Il a été enregistré live’n’direct à Nashville, Tennessee, chez les Américains d’Amérique. Avec d’ultra solides musiciens : Mark Winchester (basse), Noah Levy (batterie) et Kevin McKendree (piano).
Kevin apporte une indispensable fraîcheur et de la diversité musicale au disque dès qu’il joue de son instrument. Il a le même son que Jerry Lee Lewis sur l’album “Live At The Star Club Hamburg (With The Nashville Teens)” (1964) ou sur la bande originale du film “Great Balls Of Fire!” (1), sortie en 1989.
Toutes les conditions sont donc réunies pour que le disque soit une bombe. Pourtant, “… All Original” ne convainc pas totalement. Il n’y a pas le sentiment d’excitation démente et électrisante ressentie durant (et longtemps après) l’incroyable concert “Rockabilly Riot!” à l’Olympia en août 2005.
Comparaison spontanée, logique et légitime : l’album “Tribal” d’Imelda May est paru fin avril 2014. Ce disque ainsi que “Rockabilly Riot! All Original” sont conçus dans un état d’esprit identique : on enregistre à la bonne franquette 1 2 3 4 carrée, tous ensemble en studio, avec un son direct, hargneux et imparable. Eh bien, à l’arrivée, “Tribal” se révèle plus attractif et excitant que “… All Original”.
Il manque à ce nouvel opus de Brian Setzer une pointe d’originalité. Même si le rock’n’roll existe depuis les années 1950 (voire même auparavant), il y a toujours moyen en 2014 de réaliser des disques géniaux dans ce style. “Tribal” d’Imelda May, donc, le démontre brillamment : douze créations inédites en béton, époustouflantes.
Or, sur “… All Original”, les compositions ne sont pas toutes d’une même essence percutante. La plus faible étant “Cock-A-Doodle Don’t”, qui clôture le disque.
Malgré son titre évocateur et plein de promesses, “Rockabilly Blues” tourne à vide, sans inspiration particulière. Certes, les paroles parlent de ses débuts, de sa jeunesse, des Stray Cats, de la dingofolie autour de “Rock This Town” à travers le monde. Et du fait qu’il ferait de la guitare électrique et chanteur toute sa vie. Mais durant ces trois minutes, Setzer est en pilotage automatique sur le plan musical. Y compris dans ses solos.
Ce morceau fait penser à “Zip zap dans tes doigts” (avec des paroles en anglais) des Bidonduiles (le sketch des Inconnus). Plutôt qu’à, par exemple, “Rockabilly Boogie” de Johnny Burnette & The Rock’n’Roll Trio.
“Rockabilly Blues” n’aurait jamais dû être mis en deuxième position sur le CD. À cet emplacement, concernant l’ordre des chansons, cela aurait été plus pertinent d’y mettre “What’s Her Name” ou “Stiletto Cool”.
“Lemme Slide” et “Nothing Is A Sure Thing” sont du même niveau que certains titres de série B des Stray Cats. Soit des chansons qui bougent et remuent, mais qui ne possèdent pas l’étincelle magique.
Deux autres titres sont sympas et roulent OK sans plus : l’électroacoustique “Blue Lights, Big City” mâtiné de chœurs à la Jordanaires. Entrecoupé de chouettes couplets débonnaires tranquillos et se dodelinant, le refrain de “I Should’a Had A V-8” a des réminiscences “Fishnet Stockings” 1981.
En fait, l’énergie rageuse des vingt-trois reprises de “Rockabilly Riot! Volume One” (2005), on la retrouve dans “Let’s Shake”, “What’s Her Name”, “Stiletto Cool”, “Vinyl Records” et “Calamity Jane”.
“Let’s Shake” est un excellent choix de single. Ces trois minutes trente sont un brillant et haletant condensé du savoir-faire setzerien. Les chœurs (« Let’s shake! SHAKE! Shake! SHAKE! Shake! Let’s shake! SHAKE! Shake! SHAKE! Shake! ») sont épatants. Idem pour les trois solos de guitare, dont le premier s'inspire directement d’Eddie Cochran. Il y a aussi des citations-clins d’œil vocaux à Bill Haley (« Shake, Rattle & Roll ! », clame le Setz’) et Johnny Kidd & The Pirates (« Shakin' All Over », idem).
Dans sa construction, ses intonations vocales félines, ses effets sonores de guitares exacerbés, ses échos (dans la voix et les six-cordes), “What’s Her Name” est clairement une salutation à Eddie Cochran tendance “Summertime Blues”.
“Vinyl Records” est le point de départ de l’enregistrement ce nouvel album. Tout comme “Nothing Is A Sure Thing”, il s'agit d’un décalque remanié, en plus redneck, rudimentaire et dépouillé, de “Drive Like Lightning (Crash Like Thunder)”. Ce super rock brandnew- cadillesque figure sur le CD “Vavoom!” (2000). Dans “Vinyl…”, le piano est utilisé comme une guitare rythmique.
“Calamity Jane”, au gimmick “Mystery Train”, est à écouter en ayant en tête des images de BéDés de “Lucky Luke”, avec leurs histoires de saloon, de pied-tendre, de Joe, Jack, William, Averell Dalton et Rantanplan en vadrouille.
Brian Setzer propose aussi une superbe ballade tendance country, très touchante, dans l’esprit de celles que créait Gene Vincent : “The Girl With The Blues In Her Eyes”. Il laisse parler ses souvenirs d’une fille, réelle et qu’il a dû connaître, ou imaginaire. Rien que dans sa manière de chanter doucement, c’est très émouvant. Et musicalement, c’est impeccable et délicat.
Toutefois, face à un album aussi puissant et inventif que “Tribal” (2014) d’Imelda May, Brian Setzer prend un léger coup de vieux sur le plan artistique. Tout en restant hyper dynamique — ceci n’empêche pas cela.
Comme si, d’une certaine manière, la génération suivante (celle de la miss May) proposait désormais — du moins, dans le cas précis de “… All Original” — de nouveaux disques de rock’n’roll plus intéressants et attirants.
En dépit de quatre à cinq titres (sur douze) pas très inspirés, Brian Setzer garde la méga patate. Ainsi qu’une foi intacte pour la musique électrique originelle. Les surdynamités “Let’s Shake”, “Calamity Jane”, “What’s Her Name”, “Stiletto Cool” et “Vinyl Records” en sont la preuve flagrante : plein de guitares et de piano, avec une rythmique solide.
Ces cinq chansons, ainsi que la ballade “The Girl With The Blues In Her Eyes”, pourront être interprétées sur scène entre deux standards des années 1950 sans que cela détonne. On attend d'ailleurs le prochain concert parisien du Brian pour un troisième show “Rockabilly Riot!” dans la capitale (après ceux de 2005 et 2011).
François Guibert (28 juillet 2014)
(1) : Dans l’album CD “Great Balls Of Fire! — Original Motion Picture Soundtrack” (1989), Jerry Lee Lewis livre ses meilleures interprétations studio de “Great Balls Of Fire”, “I’m On Fire”, “Breathless”, “Whole Lotta Shakin’ Goin’ On”, “High School Confidential”, “Wild One”. Elles sont supérieures aux enregistrements des années 1950 de ces mêmes titres.
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BRIAN SETZER AND THE NASHVILLAINS
Show “ROCKABILLY RIOT!”
le 1er août 2005 à l'OLYMPIA (Paris) :
Concert géant, extraordinaire et démentiel. Une tornade de pur rockabilly pendant une heure trente.
21h30, les lumières s’éteignent. Le fond de scène “Brian Setzer & The Nashvillains” s’allume d’une couleur bleutée. La sonorisation diffusé “Good Rockin’ Tonight” par Elvis Presley.
Là, le contrebassiste Ronnie Crutcher, le batteur Bernie Dresel et le pianiste Kevin McKendree sont arrivés suivis du Brian. Svelte, il est habillé classe, en veste et pantalon léopard, la banane impeccablement coiffée. Pendant tout le show, sa voix est parfaite, claire, voyou et féline à la Cats rockab’. Les sons sortant de sa guitare pètent le feu.
Ils commencent par un “Red Hot” sauvage suivi des morceaux suivants :
• “This Cat’s On A Hot Tin Roof”
• “Slow Down”
• “Rock House”
• “Put Your Cat Clothes On”
• “Mona Lisa”
• “Peroxyde Blonde In A Hupped Model Ford”
• “Get Rhythm”
• “Stray Cat Strut”
• “Sleep Walk” (le seul moment ennuyant du show. Un instrumental lent et soporifique, où le Brian donne trop dans la virtuosité et la technique)
• “Gene & Eddie” (d’enfer, on a tous repris en chœur les titres de chansons de Eddie Cochran et Gene Vincent)
• “Rock’n’Roll Ruby”
• “Tennessee Zip”
• “Lonely Weekends”
• “Runaway Boys”
• “Fishnet Stockings”
• “Rock This Town”
• “Real Wild Child”
• “Just Because”
• “Rumble In Brighton”
• “Red Cadillac And A Black Moustache”
Ce qui est bien, c’est qu’il joue ce soir une large partie de son dernier CD (le meilleur de sa carrière), “Rockabilly Riot”. C’est mieux que des titres de seconde zone des Stray Cats qu’ils avaient joué au Zénith en 2004 (du style “18 Miles To Memphis”).
En plus, Setzer & The Nashvillains jouent ces reprises de standards fifties (que ce soit sur disque ou sur scène) comme si on était dans les années 1950. Avec en prime une énergie punk (dans l’esprit) et une énergie live incroyable.
Le groupe a donné une quinzaine de dates en juillet, ce qui fait qu’il est vraiment rôdé, que tout roule parfaitement. Tout en gardant — c’est essentiel — un enthousiasme total et une patate du tonnerre.
Tout le show est incroyable. Pas un seul moment de baisse de tension (sauf sur “Sleep Walk”…).
Les versions des standards du premier album des Stray Cats jouées ce soir sont les meilleures et les plus abouties que j’ai entendues, que ce soit sur scène ou sur disque.
Pour “Rock this town”, le pianiste démarre tout seul en jouant de façon démoniaque un air qui ressemble énormément à “Whole lotta shakin goin’ on” en le jouant comme Jerry Lee Lewis. Puis les trois autres embrayent. Et ça devient une furie électrique incroyable.
La rythmique et les chœurs de “Runaway Boys” et “Rumble In Brighton” étaient imparables, 1 2 3 4 carrés à fond. Quant à “Fishnet Stockings”, jusqu’à hier j’en avais marre de cette chanson (trop entendue). Mais là, c’est comme si le Brian lui donnait une nouvelle énergie. Comme si c’était la première fois qu’il la jouait.
Un show inoubliable et grandiose.
François Guibert (3 août 2005)
N.B. : J’étais à gauche devant la scène, au troisième rang (environ) en bas, face au contrebassiste. Ah la la, je me suis éclaté. Je n’ai pas arrêté de danser n’importe comment, du début à la fin du show (sauf pendant l’ennuyant “Sleep Walk”), pris en transe rockabilly à fond.
Présents dans la salle : la chanteuse rock’n’roll Claudia Colonna et son guitariste Marc Daenens, Jean-William “Bijou sound” Thoury (Juke Box Magazine), Yazid Manou, Christian Eudeline, Tony Marlow (de Betty & The Bops et des Rockin’ Rebels), Alain Chennevière (Pow Wow, Alligators), la choriste Titi Bérus, Jo Dahan (Wampas, ex-Mano Negra), Géant Vert.
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