GUIBERT FRANCOIS
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 |  Sujet: MARC LAVOINE ("Je reviens à toi") 19/10/2018 Seine Musicale : compte rendu  Dim 10 Mar - 1:31 | |
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« Chronique de l'album et du concert “Je reviens à toi” de MARC LAVOINE
le 19 octobre 2018 à La Seine Musicale (Boulogne-Billancourt) »
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MARC LAVOINE
Chronique de l’album et du concert “Je reviens à toi”
le vendredi 19 octobre 2018 de 21h à 22h55
à La Seine Musicale à Boulogne-Billancourt (92100) :
À l’aise dans la pop française d’aujourd’hui, le spectacle 2018/2019 de Marc Lavoine est d’une musicalité extrême, d’une élégance visuelle et sonore nickel top. Ce concert brillant et pertinent reflète la fidélité, le respect, la loyauté qu’a Marc vis-à-vis de son public.
La set list est imparable. Un excellent best-of live, entre tubes, titres méritant d’être remis en avant (“Vivre ou ne pas vivre”), et cinq morceaux du nouvel album. Dommage toutefois qu’il manque “Station Othoniel” ou “Je panique en douceur”, même s’il faut forcément faire des choix.
Marc Lavoine a su constituer le groupe idéal pour l’accompagner. Très discrets visuellement, dans l’ombre des lumières, ces jeunes musiciens (1) ainsi que le chevronné pianiste Alain Lanty ne se mettent jamais en avant. Même si Marc les présente au public un par un, avant de chanter “Toi mon amour”.
Leurs orchestrations, dans la lignée de l’album “Je reviens à toi”, sont à la pointe de la modernité pop rock française. Tout en étant facile d’accès pour toutes et tous. Et en gardant l’ADN des versions originales.
Ces nouveaux arrangements, inventifs, sont débarrassés de détails, désormais datés, figurant dans les versions studio de plusieurs enregistrements 1985/1991. C’est-à-dire qu’il n’y a plus les rythmiques avec échos, des nappes envahissantes et mal maîtrisées de synthétiseurs, etc.
Exemple : “C’est la vie”, devenu un chouette morceau new wave lugubre et positif, dans les sons de guitare et les claviers. Pour “Bascule avec moi”, les chœurs originels laissent place à un envoûtant gimmick joué aux claviers, auquel s’ajoute les « schhhhttt » vocaux de Marc.
Sous forme d’interludes, Lavoine dit des poèmes inédits, de sa plume, conçus pour son show. Face à lui : six mille personnes attentives et silencieuses durant ces prises de parole poétiques.
La première, en intro de “Rue des Acacias”, est consacrée à Maxime Le Forestier. D’abord autour du thème du divorce vécu par les enfants (“Double enfance” pour Julien Clerc), puis de la ville, du pays où l’on naît (“Ambalaba”).
La deuxième, juste avant “Je reviens à toi”, est consacrée à l’amour et à deux cœurs qui battent.
La troisième, avant “Le pont Mirabeau”, tourne autour des attentats du 13 novembre 2015. Sans démagogie ni poncifs. Moment bouleversant : lorsqu’il évoque sa présence anonyme devant le Bataclan le samedi 14, filmé à son insu quelques instants par un cameraman télé en larmes.
La quatrième raconte les émois amoureux des adolescents dans la rue (façon “Liberté chérie” de Calogero), en prélude à “Comme je t’aime”.
Enfin, il évoque sa vision de la poésie ainsi que les rituels quotidiens des « bonjour » et « bonsoir ». Puis il chante, « comme une fleur une nouvelle, comme un billet doux, une petite chanson toute fraîche », “Ma Papou”.
Via son album “Je reviens à toi” (2018), Marc Lavoine renoue avec le lyrisme et la force émotionnelle de son disque fondateur, “Les amours du dimanche” (1989). Ce dernier contient les chansons ayant scellé le lien entre Marc et son public : “Chère amie”, “C’est la vie”, “Je n’ai plus rien à te donner”, “Rue Fontaine”. Et, moins connues, mais tout aussi mémorables, “Ami”, “T’es ma danseuse” ainsi que “Les amours du dimanche (parties 1 & 2)”.
Points communs entre ces deux disques que dix-neuf années séparent : envolées de cordes, de cuivres, piano à l’atmosphère mélancolique, vraies chansons mélodiques et solides.
La réalisation de “Je reviens à toi” est assurée par François Delabrière, avec qui Marc collabore sur chacun de ces disques depuis 2001. Delabrière a une griffe sonore reconnaissable, impeccable, popularisée à partir de 2004 et l’album à succès “Crèvecœur” de Daniel Darc, produit par Frédéric Lo (2).
Marc est le parolier, et Fabrice Aboulker le compositeur des CDs “Les amours du dimanche” et “Je reviens à toi”. C’est le cas sur nombre d’autres disques de Marc, dont “Les souliers rouges” (2015), autre réussite du tandem. Tels Alain Bashung et Boris Bergman, Alain Souchon et Laurent Voulzy, ces deux-là avaient pour destinée d’écrire des chansons ensemble.
Leur créativité fonctionne toujours à pleins tubes, comme le démontre le CD “Je reviens à toi”. On peut considérer celui-ci comme “le meilleur album” du Marc quadra-quinqua. Seul “Un chagrin n’arrive jamais seul (Alléluia)”, le duo vocalement monotone avec Benjamin Biolay n’apporte rien. Cette chanson, faiblarde, est heureusement placée en fin de disque.
“Comment allez-vous” est un très bon funk pop, sous influence “You’re Under Arrest” de Gainsbarre. Marc s’adresse ici à chaque personne de son auditoire et pense à toutes les personnes qu’il rencontre chaque jour. Il rappelle l’importance de prendre le temps de leur demander de raconter leur vie, leurs émotions profondes.
Marc a écrit le texte de “45 tours” en 2007, lorsqu’il avait 45 ans. Il y parle du temps qui passe, avec un clin d’œil aux vinyles d’enfance et d’adolescence.
“Station Othoniel” est une minicathédrale sonore pleine de cordes. Elle met en scène un Marc enjoué faisant les cent pas, impatient, sur la place du Palais Royal. Ce titre, dans sa thématique amoureuse, peut être associé à “Elle est beau comme Rimbaud” et “Ma Papou” qui, à l’évidence, s’adressent à une même jeune femme.
Retour vers le futur avec “Le temps perdu”. Il s’agit d’une saynète euphorique où le jeune Marc, via la voix de son fils Roman, fait face à l’adulte qu’il est devenu. Et aux désillusions, notamment amoureuses, qu’il a pu connaître entre-temps.
“Je panique en douceur” est la réussite n°1 de ce disque, qui contient pourtant neuf chansons fortes sur dix (3). Les arrangements de cordes, la guitare funk, la voix et les mots de Marc se mêlent les uns aux autres dans une totale harmonie.
Marc Lavoine sera de nouveau à Paris avec ce spectacle les 17 et 18 décembre 2019, cette fois à la salle Pleyel. Il faudrait absolument une captation officielle, au moins audio (un DVD n’étant pas primordial).
François Guibert
(6 mars 2019)
(1) : David “Darko” Faisques (guitares), Romain Berrodier (claviers), Edouard Marie (basse), Mathieu Pigné (batterie).
(2) : en février 2019, Frédéric Lo a sorti sous son nom le CD “Hallelujah !”, mixé par François Delabrière. Un disque de pop française raffinée et intimiste. C’est la suite de “Crèvecœur” (2004). On peut aussi le rapprocher de “Je reviens à toi”, dans l’état d’esprit, la production, la qualité des chansons.
Les titres phares du CD de Frédéric sont : “En temps et en heure”, “La clairière”, “Dire”, “Come” (quatre textes signés Alex Beaupain) et “Cet obscur objet du désir”.
(3) : une réédition est sortie en octobre 2018. Elle contient trois chansons bonus : “Ma Papou”, “Un homme comme toi” (vocalement inspiré du phrasé d’Alain Souchon, période “C’est comme vous voulez”) et “Si on se quittait” (la meilleure des trois).
Set list du concert de MARC LAVOINE
le vendredi 19 octobre 2018
à La Seine Musicale (Boulogne-Billancourt) :
• “Comment allez-vous”
• “C’est la vie”
• “Rue des Acacias”
• “Dis-moi que l’amour”
• “Je reviens à toi”
• “C’est ça la France”
• “Le pont Mirabeau”
• “Je descends du singe”
• “Paris”
• “Qu’est-ce que t’es belle”
(avec Catherine Ringer)
• “45 tours”
• “Reviens mon amour”
• “J’ai tout oublié”
• “Vivre ou ne pas vivre”
• “Comme je t’aime”
• “Le temps perdu”
(avec son fils Roman Lavoine)
• “La semaine prochaine”
• “Bascule avec moi”
• “Je me sens si seul”
• “Le monde est tellement con”
• “Toi mon amour”
• “Chère amie”
• “Ma papou”
• “Le parking des anges”
• “Les yeux revolver”.
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