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 Chronique de "Yarol" (2019), premier album solo de YAROL POUPAUD

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GUIBERT FRANCOIS
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GUIBERT FRANCOIS


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MessageSujet: Chronique de "Yarol" (2019), premier album solo de YAROL POUPAUD   Chronique de "Yarol" (2019), premier album solo de YAROL POUPAUD EmptySam 13 Juil - 0:42

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Chronique de “Yarol” (2019),
premier album solo
de YAROL POUPAUD :


Yarol a eu un lumineux déclic en décidant de ne pas publier la version initiale de son album. Telle qu’elle a été enregistrée en janvier 2017 au Black Box Studio, à Angers. Dans ses interviews, il la décrit comme, au secours, « trop classic rock ».

Avec Dimitri Tikovoï (album “Wandatta” de Lio), Dorion Fiszel ou encore Dominique Blanc-Francard, il en a retravaillé et actualisé la production. Elle sonne tout confort, ample et chaleureuse.

L’un des points très positifs de ce lifting musical : on n’y sent pas les influences de Led Zeppelin (sauf exception le temps de solos en plages 13 et 14), Les Rolling Stones, Les Beatles, Bob Dylan et compagnie. Des mastodontes de la rock music qu’écoutait la famille de Yarol dans sa jeunesse.

On peut considérer ce disque comme la suite du supersonique et supraélectrique “Mutant Love” (2006) des The Hellboys, produit par Yarol. Ces deux disques sont similaires dans l’état d’esprit, l’énergie, la volonté de frapper fort musicalement, d’aller à l’essentiel. Le tout avec un son costaud et infaillible.

L’abum solo de Yarol, c’est du rock(’n’roll) constellé de P-funk et de soul, frais et varié.

Il contient neuf chansons bien construites et impeccables, une pop song tranquillou, et quatre titres tendance “gros rock”.

“No Filter” semble sorti des années 1995/1999, dans ce qu’elles ont de factice, de sonorités métalliques & dance rock. De plus, les breaks et le tempo rapide n’aident pas à rentrer dans ce morceau fatigant. Trop speed également, “Runaway” surbastonne durant les refrains.

“Wrong Way to Win” et “Something’s Gonna Happen”, deux blues modernes et techniques, façon “écrits par des musiciens à destination de spectateurs musiciens”, sont fastidieux à écouter. Leurs solos démonstratifs et mastocs font penser au jeu de Gary Moore, à celui de Jimmy Page, ce genre de guitar heroes.

“What Am I Supposed to Do?” navigue en eaux tièdes : de la pop légère, ludique, mais pas assez affirmée, trop dans la retenue. On peut préférer tous les autres titres énumérés ci-dessous.

Quatre morceaux contiennent d’énormes et réjouissantes doses totalement Temptations. Plus personne en France, en tout cas dans le monde du rock, ne revendique autant dans sa musique une telle géniale source d’inspiration.

Ainsi, “Caroline” — le “Cloud Nine” de Yarol, dans la construction musicale, notamment la rythmique — et “Bad Habit” sont deux supers P-funks psychédéliques. Les ballades “The End of the World”, avec des chœurs féminins majestueux sur le refrain, et “Trouble on the Wire” rappellent aussi l’ambiance funk 70s d’Otis Williams & co, bousculée et modernisée par Yarol.

La version rock, plutôt rapide, de “Voodoo Love”, parue en 2012 sur un maxi vinyle de Black Minou, était bien. La nouvelle version, devenue une ballade, figurant sur ce disque, est beaucoup plus attachante et subtile. La force émotionnelle de cette composition, via les guitares électroacoustiques, les arrangements, l’écho, les chœurs, est décuplée. Grande réussite.

Dans le même style swamp rock lancinant à la “Crawfish” d’Elvis Presley, il y a “Black Cat Bone”. Agrémenté ici d’un tempo disco P-funk.

“Boogie With You” symbolise l’évolution de la musique de Yarol, depuis les débuts garage rock de Black Minou (vers 2010) et les quatre enregistrements studio officiels du maxi vinyle de 2012. Grosses pulsations rythmiques, production sonore mirifique mais pas “bourgeoise”. Yarol y mêle aussi des éléments électroniques, via le son des claviers.

Benjamin Biolay signe les paroles, en français, de l’afropop “Sale”. On sent qu’il ne s’est pas foulé. Ou, en tout cas, qu’il les a écrites rapidement. Il y a des allusions un peu grivoises (« Ouvre mon zip, oublie mon trac ») dans les couplets. Ou des comparaisons quelque peu incompréhensibles : « C’est comme les parents en compèt’ » (?).

En revanche, le refrain est bien écrit, avec une bonne punchline métaphorique : « Laisse-moi rester sale / Comparé à toi ». Que l’on peut comprendre de cette façon : “Laissez-moi être comme je veux, rock et roll, à la cool, bon esprit, sans que personne ne me dicte ce que je dois faire”.

L’autre chanson en français, “Girls”, est un très chouette funk rock dansant, beaucoup plus proche du style Malka Family que de celui de FFF. Elle pourrait parfaitement être ajoutée aux morceaux du CD “Le retour du kif” (2017) des Malka, le meilleur disque de funk français à ce jour.

Yarol déclare dans ses interviews que, pour son prochain album, il souhaite qu’il y ait (beaucoup) plus de textes en français : il a raison.

Il touchera encore plus directement son auditoire — qu’il élargira par la même occasion —, sur disque mais surtout en concert.

Si l’accent anglais par un Français qui chante en anglais ne suit pas, ça fiche tout par terre et ridiculise son propos et son œuvre. Ce n’est pas le cas avec l’accent anglais de Yarol, qui roule 100 % OK. Il est du niveau de celui de Nikola Acin, chanteur des The Hellboys.

François Guibert

(10 juillet 2019)

N.B.: après La Maroquinerie le 20 mars dernier, Yarol sera en concert 13 novembre 2019 à La Cigale (Paris).

Avec Philippe Almosnino (guitares), Jean-Max Méry (claviers, orgue), Melvil Poupaud (basse), Ludwig Dahlberg (batterie).


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