GUIBERT FRANCOIS Admin
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| Sujet: ALAIN CHAMFORT 25/03/2016 Olympia (Paris) : compte rendu Jeu 21 Avr - 18:28 | |
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• Nouvelle page spéciale inédite
« Compte rendu détaillé du concert d'ALAIN CHAMFORT
le 25 mars 2016 à L'OLYMPIA (Paris) »
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ALAIN CHAMFORT
Vendredi 25 mars 2016 à l’Olympia (Paris) :
• « Merci d’être au rendez-vous, même si avec certains, on se connaît depuis bien longtemps. On se dit toujours : “Vont-ils encore avoir envie de moi ?” (« Ouiiiii !!! », le public). “Et moi, est-ce que j’aurais encore envie d’eux ?” Moi, en ce qui me concerne, la réponse est oui.” (applaudissements) © Alain Chamfort sur scène, avant d’interpréter “Paradis”
• « Avec Serge Gainsbourg, on a fait ensemble à peu près trois albums. Une jolie époque. Après, si vous voulez, c’est devenu monsieur Gainsbarre, c’était plus compliqué à gérer. On a donc cessé notre collaboration à ce moment-là. Il reste de très jolies chansons que je suis toujours heureux d’interpréter.
Puis j’ai eu la grande chance de croiser un garçon sur ma route : Jacques Duvall. Je travaille avec lui depuis plus de trente ans. Finalement, j’ai fait beaucoup plus de chansons avec lui qu’avec Serge. C’est pour vous expliquer que je n’écris pas mes textes. Je les comprends mais je ne les écris pas. Je fais juste les musiques – enfin, juste, c’est déjà pas mal (sourire d’Alain, applaudissements du public).
Je donne mes petites musiques à Jacques. Quelquefois, je lui dis : “Oh, j’ai une super idée.” Je lui donne cette idée et puis il ne s’en occupe pas du tout (rires du public). Il revient avec quelque chose d’autre, beaucoup plus intelligent que ce que je lui proposais. Toujours des choses incroyables, auxquelles je n’aurais jamais pu penser moi-même sur ces petites musiques.
(…) Par exemple, la chanson qui va suivre démontre un peu comment on travaille. Je lui avais donné une musique avec laquelle il me semblait que je pouvais défendre une petite chanson d’amour. Jacques est revenu avec quelque chose de beaucoup plus profond – je ne veux pas dire non plus que l’amour n’est pas profond.
L’idée était de considérer que, souvent, on pense que le danger vient des autres. Ce qui est en effet le cas en ce moment, ça tombe un peu mal mais bon. Or, bien souvent, le danger est incrusté en nous. On est certainement, et quelquefois, notre pire ennemi. Donc cet ennemi, il faut savoir le repérer, le débusquer, et le combattre. Cette chanson s’appelle “L’ennemi dans la glace”. » © Alain Chamfort, 25 mars 2016, sur scène
Atout numéro 1 et intérêt principal de la carrière d’Alain Chamfort : son association artistique avec le parolier Jacques Duvall. Grand soir pour ce dernier, qu’il soit ou pas dans la salle, et pour les appréciateurs de sa plume : quatorze textes sur les vingt chantés à l’Olympia sont de lui.
Premier texte écrit pour Alain par l’auteur fétiche de la rockeuse Marie France, Parisienne éternelle, et de la pop model Lio : “Paradis” (1981, album “Amour année zéro”), troisième morceau de la set list. Une ébauche sympa des dizaines d’astucieuses dingueries haute voltige qu’ils créeront par la suite sur (à ce jour) sept albums studio (1). La discographie de Chamfort devient passionnante à partir de “Tendres fièvres”, 33 tours sorti en 1986. À noter une baisse d’inspiration musicale en 1990 sur le CD “Trouble”(2).
Jusqu’à présent, pour sa tournée 2016/2017, Alain Chamfort (orgue, chant) se produit en duo avec son fidèle pianiste Thierry Eliez. Ce dernier n’est pas sur scène ce soir. Car, cadeau spécial aux Franciliens, c’est le premier concert en formule électrique : Jean-François Berger (claviers, programmations, acolyte de Marc Lavoine sur scène comme en studio depuis 2001), Pascal Rodde (guitare, chœurs), Alain Verderosa (basse, chœurs), Patrick Goraguer (batterie, chœurs).
En amont (mais pas présent sur scène également), Frédéric Lo a supervisé la direction musicale. Il a réarrangé avec soin les anciens titres dans l’état d’esprit sonore de l’album “Alain Chamfort” (2015), qu’il a réalisé. Tout en gardant l’ADN de chacun d’entre eux. Mais sans l’aspect désormais daté pour “Bambou” et “Chasseur d’ivoire” ou rigide pour “Bons baisers d’ici” (chouettos chœurs « Suis la ligne du Parti / (…) Suis la ligne du Parti », etc.).
Ce soir, il n’y a aucune orchestration à la “Versions revisitées” (album 2016 supervisé par Marco dos Santos et réunissant des remixes électroniques par des disc-jockeys branchés). C’est parfait comme ça.
Le groupe joue de façon solide, cohérente, entre pop chic et rock français de bon aloi. C’est le deuxième concert d’Alain et ces garçons, le premier ayant eu lieu au Sax à Achères deux soirs plus tôt. On ne sent pas encore entre les quatre musiciens une connivence instinctive, qui leur permettrait de se lâcher totalement. Celle-ci viendra au fur et à mesure des futures représentations.
En tout cas, les musiques sont parfaitement exécutées, jouées comme il faut. Avec toutes les subtilités sonores que Frédéric Lo y a glissées et les discrets gimmicks des versions originelles. Les claviers jouent un rôle très important, notamment pour tous les titres des années 1980 (par exemple, “Bons baisers d’ici”, “Bambou”, les secousses enivrantes de “Manureva”) et ceux de l’album sorti en 2015.
De façon générale, tel un principe de base, les chanteurs et groupes devraient toujours jouer sur scène de nombreux titres de leur dernier album en date. C’est ce que fait Chamfort ce soir à Paris en présentant six titres de l’album de 2015. Par ordre d’apparition scénique : “Puis-je vous offrir ?” (qui ouvre le concert), “Deux poignards bleus”, “Ensemble”, “Concours de circonstances”, “Argentine” et, lors du rappel, “Joy”.
Alain a raison de mettre en avant ce disque contenant onze nouvelles compositions, toutes parolées par Duvall. Tous deux avec Frédéric Lo peuvent être fiers de ces chansons. Sur cet opus, Duvall opte pour des textes plutôt sereins et apaisés d’hommes (lui, Chamfort ainsi que toutes les personnes pouvant se reconnaître) ayant vécu quatre, cinq ou six décennies.
L’amour, ses joies, ses tourments et ses rebondissements demeurent sa matière première depuis “Daisy” et “Déréglée” pour Marie France en 1977. Il les aborde sous tous les angles possibles, toujours originaux et surprenants.
Sur scène, Alain Chamfort est touchant dans sa gaucherie, ses quelques maladresses. Par exemple, le faux départ du concert. Tandis que ses musiciens jouent l’intro du funky pop dansant “Puis-je vous offrir ?”, notre vedette esthète apparaît sous un halo de lumière braquée sur lui.
Aussitôt, il repart dans la coulisse (ses musiciens s’arrêtant même de jouer quelques instants avant de refaire exactement la même intro). Pour revenir de façon définitive vingt secondes après, tranquillou, on fait comme si vous n’avez rien vu. Ça fonctionne, et c’est parti pour une heure quarante.
Ou encore lorsqu’il répète deux fois le même double vers dans le dernier couplet de “Puis-je vous offrir ?”. Et qu’il oublie les deux premiers vers du deuxième couplet de “La fièvre dans le sang”. Cela passe sans problème.
Sur scène comme sur disque, Alain est un interprète (et compositeur) au sens plein et entier du terme. C’est un régal de l’entendre servir avec délice, pile comme il faut, tous ces textes sensationnels de Jacques Duvall (et trois de Serge Gainsbourg).
Il opte pour telle intonation sur tel mot, tel un acteur aguerri et ayant toujours une gnak intacte pour son métier. Désabusé et, du coup, super drôle (“Sinatra”). Avec espièglerie et de façon enjouée (“Joy”), de l’émotion (“Argentine”, “L’ennemi dans la glace”).
Il excelle aussi dans le rôle du gentleman charmeur l’air de rien. Par exemple, dans la superbe relecture de “Traces de toi”. Un tube aux paroles écrites par Didier Golemanas, indissociable de son clip “Top 50”/TV6 réalisé par Costa Kekemenis. Avec les chœurs originels, uniques, des frères Costa incorporés dans la version live via les claviers de Jean-François Berger.
Chose assez incroyable et inattendue : “Les paroles dans le vide” sont au programme. Il s’agit d’un génial titre, connu uniquement des acquéreurs de l’album “Neuf” (1993) et de la compilation “Versions originales” (2016). Une sorte de profession de foi hilarante (mais pas que) de Chamfort chanteur et, à travers lui, de Duvall en tant qu’auteur : « Comme quand j’lance des paroles dans l’vide / De ma voix de chanteur timide / Comme quand j’lance des paroles en l’air / Tout est vrai, tout et son contraire / Ce qui reste c’est l’air / La la la lère (…) »
Tout comme pour ses collaborations avec Benjamin Schoos depuis 2006 (sur le label Freaksville), Jacques Duvall forme avec Alain Chamfort une alliance magique, d’une richesse artistique démente. Les œuvres de ce tandem méritent d’être aussi populaires et reconnues auprès d’un large public que celles de, par exemple, Alain Bashung & Boris Bergman ou Alain Souchon & Laurent Voulzy.
François Guibert (19 avril 2016)
(1) : voici une sélection de chansons peu connues qu’il faut écouter en priorité, pour apprécier le génie du tandem Duvall/Chamfort.
Sur l’album “Tendres fièvres” (1986) : “Le plus grand chapiteau”, “L’amour est une bombe”, “Je laisse couler”.
Sur le CD “Trouble” (1990) : “Gare de l’Est”, “Ce ne sera pas moi”.
Sur le CD “Neuf” (1993) : “La mélodie du malheur”, “Les paroles dans le vide”, “Quand vas-tu te décider à me décevoir ?”, “Bon anniversaire”.
Sur le CD “Personne n’est parfait”(1997) : “Aucune différence”, “Tombouctou”, “Contre l’amour”, “Ce n’est que moi”, “Qu’est-ce que t’as fait de mes idées noires ?”.
Sur le CD “Le plaisir” (2003) : “L’hôtel des insomnies”, “Charmant petit monstre”, “Les spécialistes”, “Les amies de Mélanie”.
Sur le CD “Alain Chamfort” (2015) : “Concours de circonstances”, “Puis-je vous offrir ?”, “Argentine”.
(2) : Les raisons de ces impressions mi-figue mi-raisin : d’abord, le manque de musiques et chansons marquantes, hormis “Souris puisque c’est grave”, “Gare de l’Est” et “Ce ne sera pas moi”. Les textes sont desservis par des rythmiques, boucles électroniques, artificielles, envahissantes. Mixées beaucoup trop en avant, sans doute pour rester dans le coup d’alors, elles couvrent la voix d’Alain Chamfort. Il faut tendre l’oreille pour bien entendre et comprendre les paroles qui, elles, ne déméritent pas.
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— Set list du concert à l’Olympia le 25 mars 2016 :
• “Puis-je vous offrir ?” (paroles de Jacques Duvall)
• “Le grand retour” (paroles de Jacques Duvall)
• “Paradis” (paroles de Jacques Duvall)
• “Deux poignards bleus” (paroles de Jacques Duvall)
• “Ensemble” (paroles de Jacques Duvall)
• “Concours de circonstances” (paroles de Jacques Duvall)
• “Bons baisers d’ici” (paroles de Philippe Bourgoin)
• “Bambou” (paroles de Serge Gainsbourg)
• “Chasseur d’ivoire” (paroles de Serge Gainsbourg)
• “La fièvre dans le sang” (paroles de Jacques Duvall)
• “Clara veut la lune” (paroles de Jacques Duvall)
• “Traces de toi” (paroles de Didier Golemanas)
• “Argentine” (paroles de Jacques Duvall)
• “Les paroles dans le vide” (paroles de Jacques Duvall)
• “L’ennemi dans la glace” (paroles de Jacques Duvall) par Chamfort solo (piano & voix) puis accompagné par la rythmique et quelques claviers en 2e partie de la chanson
• “Souris puisque c’est grave” (paroles de Jacques Duvall) • “Manureva” (paroles de Serge Gainsbourg)
1er rappel : • “Sinatra” (paroles de Jacques Duvall) • “Joy” (paroles de Jacques Duvall)
2e rappel : • “Géant” (paroles de Jean-Michel Rivat), par Chamfort solo en piano voix
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