PHANTOM featuring MARIE FRANCE
20/03/2008 Espace Stella McCartney au Bon Marché à Paris :
En début de soirée (vers 19h30), accompagnée par l’inventif et allumé groupe belge rock garage blues PHANTOM, MARIE FRANCE a donné un miniconcert de quatre titres. Avec une bonne sonorisation intimiste électro-acoustique (via des enceintes du type showcases dans les Fnac), BENJAMIN SCHOOS (guitare et Mr Loyal de Freaksville Records et de Phantom), GEOFFROY DEGAND (caisse claire) et PASCAL SCHYNS (basse) ont délivré, tout en finesse et en dinguerie, la géniale musicalité de ces morceaux créatifs, originaux et excitants. Ceux-ci sont composés par ledit BENJAMIN alias MIAM MONSTER MIAM et écrits par JACQUES DUVALL.
« Je vais vous chanter des chansons de mon nouvel album enregistré avec Phantom et qui paraîtra bientôt en France », a dit MARIE FRANCE avant de démarrer avec l’électrique “LES NANAS”. « C’est une chanson féministe bien sûr, je le dis pour que mes copines ne le prennent pas mal ! », a-t-elle précisé. Le texte est du Duvall pur jus, pas du tout cynique (surtout pas — à mon sens, mister Jacques ne l’est jamais) mais malin, pertinent et facétieux. Le solo d’harmonica qu’on entend sur la version studio des “NANAS” est ici remplacé par un solo prolongé bluesy élégant et quasi-acoustique de BENJI SCHOOS.
En plus, dans ce genre de titres dingos énergiques, MARIE FRANCE prend des tonalités un peu aiguës et sauvages, même quand elle chante dans les graves. C’est-à-dire qu’elle chante comme sur certains morceaux de l’album “39° DE FIÈVRE” de 1981 (du style “CHANSON MAGIQUE” ou “CHÉRI CE S’RA MOI”), tout en gardant le côté veloûté qu’elle a gagné au fil des années (notamment à partir de l’album de 1997, à travers des morceaux comme “TOUT CE QUE JE VEUX C’EST TOUT”, “NE LAISSE PAS LE JOUR”, “LAS DANS LE CIEL” ou “LES BRAS GRANDS OUVERTS”).
Pour la ballade “BLEU” qui raconte la fin d’une histoire d’amour, le violoniste HENRI GRAETZ (1) rejoint PHANTOM et MARIE sur la petite scène improvisée (il joue aussi sur la version studio). L’ambiance mélancolique est renforcée par les sons de guitare raffinés de BENJAMIN, en forme de gimmick, et l’interprétation douce, émouvante et calme par MARIE FRANCE (dans l’esprit de “LAS DANS LE CIEL”, par exemple).
Ils ont ensuite joué un des rocks les plus terribles de l’album : “CRACHER MA BILE” (« sur toi, ça s’rait vomir comme un putois »). Boosté par la musique punchy 1 2 3 4 carré, le texte, vengeur et cinglant, permet à MARIE FRANCE de se lâcher, de danser encore plus en esquissant des pas de danse de bête de scène, en se tortillant énergiquement : « Tu me les as tous fait, les plans les plus infâmes / Mais rassures-toi chéri, j’vais pas en faire un drame / (…) J’pourrais t’coller une gifle / J’préfère passer mon chemin / Car à la réflexion j’veux pas m’salir les mains / Y’ a quelque chose qui schlingue et ça peut être que toi » Ce genre de textes chouettos, inattendus (et bienvenus, justement) contraste tellement avec ceux de la variété française normale, banale et aseptisée. En même temps, c’est normal, il a été écrit par le maestro DUVALL (bien meilleur et plus riche dans la façon de traiter les thèmes abordés que Gainsbourg, je persiste et signe — même si les livres officiels sur le rock et la chanson d’ici ordonnent de penser que Gainsbourg est forcément l’un des plus grands auteurs français, etc.).
« Voici une chanson sur le narcissisme ! », et c’est donc la ballade country rockab’ “MÉNAGE À TROIS” (rien à voir avec le titre du même nom que MARIE FRANCE avait chanté vers 1994 sur une musique poppy d’Euston Jones). De sa voix langoureuse et entraînante, MARIE FRANCE parle (à travers le texte écrit par JACQUES DUVALL) non pas de trois personnes mais de elle, de « (son) ombre et (son) reflet dans l’miroir ».
Comme à chacune de ses prestations live, MARIE FRANCE était habillée très chouettement, de façon top classe et super attractive, l’esprit toujours vaillant et rebelle. Après la fameuse robe orange Fifi Chachnil du concert du 20 février au CWB, elle arborait des pieds à la tête des vêtements Stella McCartney (chaussures, cravate, badge “I Love Stella”, pantalon et veste noirs, etc. — « même ma petite culotte ! », a-t-elle ajoutée de façon marrante).
La cinquantaine de spectateurs étaient constitués de clientes ou d’employé(e)s du magasin, de quelques mannequins très très minces, d’amis et de supers dingofans irréductibles de MARIE FRANCE présents à chacun de ses concerts (dont Jean-William Thoury, mister Jean Louis et moi).
Depuis son retour scénique au Trianon le 11 février 2006, MARIE FRANCE se produit très régulièrement sur scène, soit en tant que leader (avec le pianiste CHRISTOPHE CRAVERO et la violoncelliste VALENTINE DUTEIL ; ou en duo avec le pianiste FRANÇOIS SABIN) soit en tant qu’invitée (duo avec Héléna Noguerra, concerts avec Phantom et Jacques Duvall). Et ça, c’est super, à chaque fois on en prend plein les yeux et les oreilles. On est des privilégiés d’assister aux spectacles de MARIE FRANCE car c’est la plus grande r’n’r (cat)woman scénique qui soit.
Qu’il s’agisse de son répertoire cabaret music-hall glamour ou bien des chansons électriques (entrecoupées de ballades mélancoliques comme “BLEU” ou “MÉNAGE À TROIS”) de Phantom, MARIE FRANCE est rock’n’roll dans l’âme et l’attitude, sur scène comme sur disque. D’ailleurs, JACQUES DUVALL a déclaré (dans le “Métro” belge, édition du 18 mars 2008) : « Beaucoup de gens pensent que MARIE FRANCE est la meilleure chanteuse du monde sur scène. » Je suis 100 000 % d’accord avec mister DUVALL, à fond à fond !
(1) : Mercedes Audras, qu’il accompagne en duo lors de ses concerts, était présente dans le public.